L’Etat français de Vichy: Retour sur un régime antisémite à travers le destin brisé d’une famille
Henriette LÉVY-BADER était arrêtée pendant l’occupation allemande de MOISSAC (dans le Tarn & Garonne) ; La police militaire s’était présentée à 8 h 30 à son domicile… et l’avait emmenée. Notre tante ce matin-là, était l’objet d’une rafle de Juifs organisée dans la ville ; nous étions au début de 1943. Alex LÉVY échappait à sa propre arrestation. Notre Oncle, venait juste de sortir de chez lui quand cela s’est produit.
Pierre ROOS mon frère, a aussi été arrêté à MOISSAC mais, un peu plus tard, le 16 mai 1944 ; c’était la Wehrmacht (armée allemande) qui agissait, conséquence d’une malveillance, la suite d’une dénonciation à l’encontre du Capitaine Louis MAURY de l’AS, notre père, aperçu ce matin-là dans l’habitation de la rue du fg Sainte Blanche, où Pierre l’avait accompagné. Or, au moment de l’interpellation de Pierre, notre père venait juste de sortir pour poster du courrier. Il échappait, lui aussi, miraculeusement au pire. Pierre fût emmené et conduit à la Préfecture de Police allemande de la ville pour un interrogatoire car, il était considéré ‘’Résistant- Terroriste’’ ; puis dans les heures suivantes, il était emprisonné à TOULOUSE.
Dans les mois ou les semaines qui suivaient leur arrestation, Henriette comme Pierre, partaient de France envoyés en déportation, l’un comme l’autre vers un camp d’extermination, parce qu’ils étaient Juifs.
Ils ont été assassinés par les nazis, Henriette en Avril 1943 dans le camp d’AUSCHWITZ où elle fût gazée, et Pierre quelque part entre MONOVITZ et GLEIWITZ en Haute Silésie( Pologne à nouveau ), au cours d’un déplacement imposé, puis une marche collective qui lui a été fatale, en Janvier 1945. Pierre n’avait pas encore 16 ans quand sa vie lui a été volée.
De tels évènements survenaient tout au long de la deuxième Guerre Mondiale ; ils accablaient nos compatriotes Français et des familles françaises. Alors que l’oppression militaire allemande de l’occupation pesait de plus en plus sur les habitants de notre Pays, en même temps, une répression s’exerçait, se développait pour assurer la volonté de puissance et de domination de l’Allemagne nazie sur la France. Cela se déroulait malheureusement trop souvent avec le concours de certains Français acquis à l’Allemagne hitlérienne conquérante ; on les appellera plus tard des ‘’collabos’’, ceux qui aidaient à traquer les Juifs et qui s’employaient activement à faire arrêter les divers ‘’ opposants ‘’ décidés à combattre l’ennemi occupant et s’employant à résister aux idées réactionnaires du nouvel État Français de VICHY.
Une particularité en Europe occupée s’appliquait à la France, avec le maintien voulu par les Allemands d’un État Français, dit de VICHY ; il était issu de l’Armistice de Juin 1940 et la France conservait partiellement une autonomie politique et administrative en zone libre . Depuis VICHY, le Maréchal PÉTAIN à la tête de l’État Français, cautionnait les nouvelles directives de la gouvernance, poussant un programme politique d’extrême droite plutôt fascisant, baptisé ‘’Renouveau National‘’ et, qui avait choisi de ne pas désapprouver la collaboration avec l’occupant.
Les noyaux durs qui deviendront les piliers de l’organisation de la ‘’Résistance ‘, ’ étaient peu nombreux en ce milieu de l’année 1940 ; mais, les Français restés fidèles à la République, mois après mois, étaient de plus en plus nombreux à marquer leur désaccord avec la politique pétainiste. Ils étaient surtout soucieux de poursuivre le combat contre les Allemands ; ils se dressaient contre les orientations tout à la fois raciste, hiérarchique, totalitaire et collaborationniste montrées par l’État Français de VICHY.
Les Communistes, les francs-maçons, les syndicalistes… les premiers gaullistes, et beaucoup d’autres de nos concitoyens silencieux, se battaient pour les Alliés, voulant réhabiliter une France meurtrie tombée dans la déchéance et, ils disaient tous ‘’NON‘’ à ce que représentait le régime de VICHY. Leurs attitudes et leurs agissements étaient celles de réfractaires : ils désavouaient VICHY et combattaient pour la libération de la France. Ces éléments hostiles, ‘’insoumis‘’, étaient regardés par les gouvernants de VICHY comme des Français nuisibles et dangereux pour la nation ; Les dirigeants voyaient en eux des « indésirables », à l’identique des Juifs qui étaient une ‘’menace‘’, et tous étaient désignés comme étant des acteurs d’une anti France. L’État, complice en cela de l’autorité allemande, voulait les abattre et cherchait à les éliminer. Ils seront pourchassés avec acharnement. Ils seront souvent arrêtés et envoyés en déportation de répression vers les nombreux camps allemands de mort lente.
L’inclusion de l’antisémitisme dans la politique du VICHYSME, conduite en parallèle avec les Forces d’Occupation, se révélait une agression dangereuse autant que mortifère, mettant en situation de détresse la population juive française. Les qualifications retenues atteignaient l’inimaginable, ce qui fût le plus terrible que peut connaître l’Histoire dans son aboutissement : l’extermination d’êtres humains.
La résonnance de ces évènements tinte à la lisière de l’Histoire. Les faits activent la parole qui demeure choquée, agitent des images sinistres, chassent le déni qui rôde encore : les codes employés à cette époque heurtaient les sentiments de dignité et notre esprit de liberté. A présent, on dénonce les attitudes et les conditions inacceptables qui conduisaient jusqu’à l’inhumanité. Les prolongements de ce passé déjà lointain, ont en eux les conclusions ou plutôt les contenus utiles, au regard de tous les lendemains qui suivent. » … Le présent se nourrit du passé qui est un élan pour l’avenir ». Mais, cette partie de Histoire de la France reste et restera toujours la honte et l’infamie de l’État Français de VICHY.